Le dernier Grand Prix de Grande Bretagne à Silverstone était une des dernières occasions pour Fabio Quartararo de prendre un maximum de points sur un tracé indulgent avec les faiblesses trop connues de sa Yamaha. Et elle a été manquée. A présent, ce sont des circuits faisant la part belle aux Ducati, et aussi à l’Aprilia, machines de ses deux poursuivants au championnat, qui pointent à l’horizon. Il va falloir serrer les dents et ne souffrir d’aucun problème pour sortir de cette période le moins abimé possible en attendant des jours meilleurs. Cela étant dit, lors du dernier meeting, Yamaha s’est distingué par son manque d’audace dans ses choix techniques, ce qui a coûté cher français. Dans les rangs de la marque, on en parle ouvertement avec notamment Ramon Forcada. Quant à Franco Morbidelli, il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas…
En faisant le bilan de sa première course de la dernière partie d’une saison qu’il mène encore au classement général, Fabio Quartararo était clairvoyant sur sa situation comptable rapportée aux tracés qui l’attendent, avec une Yamaha qui y rappellera ses faiblesses techniques. Le Champion du Monde venait de franchir la ligne d’arrivée au huitième rang, après avoir purgé une pénalité du long lap qui l’avait ensuite reversé dans un peloton où sa M1 n’aime pas évoluer. Un an auparavant, sur ce même circuit, Fabio Quartararo montait sur la plus haute marche du podium dans une course dominée, remportant la victoire avec plus de 2,5 secondes d’avance sur Alex Rins.
Mais cette sanction à purger n’a été qu’un des deux facteurs qui ont mis le tricolore dans la difficulté. Le second a été révélé sur la grille de départ, lorsque Yamaha a surpris par son choix de pneumatiques en optant pour le composé arrière-medium au lieu du dur que montaient tous les rivaux directs de Fabio Quartararo. On se souviendra qu’en voyant cette monte, Aleix Espargaró a pensé que c’était une belle journée pour lui reprendre des points, ce qu’il n’a pu faire en raison de son état physique. Au passage, il ne s’agissait pas chez Aprilia d’un « bluff à l’italienne » selon l’expression même de Fabio Quartararo. On sait aujourd’hui que l’Espagnol a couru avec une fracture du talon droit.
« Honnêtement, je vois Fabio Quartararo en position d’outsider uniquement à cause des caractéristiques la Yamaha«
Mais revenons-en au pneu arrière de la Yamaha. Seul Dovizioso s’était déterminé pour le dur. Les trois autres pilotes en M1 ont été montés avec le composé dur. Une erreur ? Ramon Forcada, chef mécanicien de Dovizioso chez RNF qui passera en Aprilia en 2023, parle plutôt d’un manque de courage. Par le biais d’un tweet relayé sur Todocircuito, Forcada dit ainsi : « chez Yamaha, ils ne se sont pas vraiment trompés dans le choix du pneu arrière. Ils n’ont plutôt pas osé monter le pneu qu’ils n’avaient pas testé tout au long du week-end. L’asphalte était à 48° au moment du départ ».
Un manque d’audace qui s’est payé sur la piste et Fabio Quartararo en a détaillé la facture : « dans des conditions comme ça, le dur était le bon choix. Le résultat est que, pour moi, c’était un cauchemar, surtout quand j’avais plusieurs pilotes devant moi. Le pneu arrière surchauffait et s’usait très vite ».
Du coup, non seulement le Français doit composer avec un déficit de courage des techniciens Yamaha dans le développement d’une M1 qui est, peu proue, celle de la saison passée, mais, en plus, il doit rester vigilant sur les décisions conservatrices dans son stand lors des Grands Prix… Ce qui nous amène à cette remarque de son équipier Franco Morbidelli au sujet de ses chances d’être titré une seconde fois consécutive : « honnêtement, je vois Fabio en position d’outsider uniquement à cause des caractéristiques des motos en lice. Quand votre moto va plus lentement dans la ligne droite, vous l’êtes ». Il joute cependant : « mais cela montre qu’il peut faire de grandes choses en roulant ». Encore faut-il aussi lui donner les bons pneus.
