Dans cette saison de MotoGP, la pratique semble défier la théorie et ce n’est pas le classement général provisoire du championnat version pilotes qui va démontrer le contraire. On y voit en effet en tête un Fabio Quartararo dont on ne donnait pas cher de la peau lorsqu’il était devenu évident, dès le premier rendez-vous au Qatar, que Yamaha avait fait l’impasse sur le développement de son moteur. La première tendance à Doha laissait envisager le pire pour les chances du Champion du Monde en titre de conserver sa couronne qui, 11 Grands Prix plus tard, semble pourtant solidement arrimer sur la tête du Français. Par quel miracle ? Fabio Quartararo et son talent y sont bien sûr pour quelque-chose. Mais pas seulement, et c’est le challenger Aprilia qui l’explique…
Sans maitrise, la puissance n’est rien disait autrefois une publicité qui pourrait aujourd’hui parfaitement expliquer la physionomie du championnat MotoGP en cours. En effet, c’est un pilote au guidon d’une Yamaha reconnue comme être la moto la plus déprimante dans une longue ligne droite qui mène la course au titre à mi-saison. Les missiles sol-sol Ducati, annoncées comme les grandes favorites lors de l’hiver, accusent un certain retard sur ce diable de Fabio Quartararo. Pire, elles voient le compatriote Aprilia en mesure de lui damer le pion de la suprématie italienne avec un Aleix Espargaró au sommet de son art au guidon d’une RS-GP au sommet de son évolution.
« en MotoGP 12% en moyenne par tour, le chrono dépend de la performance de la puissance du moteur«
Alors, à quoi bon avoir des watts, qui restent pourtant réclamés par Fabio Quartararo, et promis par Yamaha en 2023 ? En fait, le problème est plus complexe que ça et c’est Romano Albesiano de chez Aprilia qui nous éclaire dans des propos repérés sur Speedweek : « au cours d’une saison, le temps moyen passé par les MotoGP avec la poignée des gaz ouverte à fond se situe entre 8 et 14 % » explique l’Italien qui ajoute : « ensuite, il y a les exceptions de Spielberg et, je crois, de Buriram, qui représentent environ 24 % ». Avec cette indication, on peut craindre pour le Français lors de ces deux meetings…
Mais Albesiano poursuit ainsi sa démonstration : « à cela s’ajoute le fait que les motos sont inclinées à plus de 30% tout au long de la saison. En d’autres termes, 12% en moyenne par tour, le chrono dépend de la performance de la puissance du moteur. Pendant le reste du tour, les performances de la moto dépendent d’un autre facteur ». Vu comme ça, on comprend mieux, mais avoir un bon moteur reste quand même la base… « Il est clair qu’un moteur puissant est important, car 12% n’est pas un pourcentage négligeable et il faut aussi tenir compte du fait qu’un moteur puissant aide à dépasser ». Le compte est bon.