Alberto Giribuola a entendu le discours de Ducati qui assure que celui qui n’aura pas la place d’équipier de Pecco Bagnaia en 2023 ne sera nullement un perdant, puisqu’il aura chez Pramac la même moto et le même soutien que s’il avait eu la Desmosedici rouge. Ce ne serait donc qu’une question de goûts et de couleurs mais, contrairement à l’idée reçue, ça se discute ferme entre les deux prétendants au poste officiel que sont Jorge Martin et Enea Bastianini. Si le premier cité laisse entendre que s’il n’est pas promu au sein du box écarlate il sera attentif à une autre proposition, envoyant aussi son manager au contact, le second la joue plus fine en pouvant compter sur un chef mécanicien que la bande à Gigi Dall’Igna connait très bien : Alberto Giribuola. Sera-ce un avantage ou un inconvénient ? L’avenir nous le dira d’ici la fin août…
Le chef mécanicien Alberto Giribuola n’est en effet pas un inconnu chez Ducati comme son adjoint chargé de la partie électronique Dario Massarin. Le duo est ainsi dans les murs de l’usine de Borgo Panigale depuis 15 ans et il n’est pas pour rien dans le beau parcours d’Andrea Dovizioso durant les huit ans passés sur la Desmosedici. Une complicité qui a notamment porté ses fruits à partir de 2017. Depuis, la paire s’occupe d’Enea Bastianini chez Gresini et ce dernier ne s’en plaint pas au vu des résultats.
Certes, le protégé de Carlo Pernat a connu un trou d’air en ne marquant que 11 points lors des quatre dernières courses. Mais on ne lui enlèvera pas ses trois victoires déjà acquises, un parcours qui a instillé le doute au sein du staff Ducati qui en pinçait uniquement au début de l’année pour Jorge Martin. Et contrairement à ce dernier qui défend sa cause avec son manager, le « Bestia » voit son équipe technique marquée au fer rouge Ducati monter au créneau pour lui. Et aussi parce que s’il est promu, elle retrouvera sa place qui était la sienne du temps d’Andrea Dovizioso.
Sur motogp.com, celui qui a travaillé pendant cinq saisons aux côtés d’un Dovi qui a annoncé qu’il arrêterait les frais à la fin de cette année a commenté : « ça fait 14 ans que nous travaillons pour Ducati. On connaît parfaitement les gens à qui on a affaire. On peut du coup gérer le stress, les choses à tester. Cette différence, on ne serait pas capables de la faire, si on partait chez un autre constructeur. On sait ce qu’on peut attendre d’eux et facilement jouer les intermédiaires lorsqu’il s’agit de communiquer. Notre passé, c’est ce qui fait notre force. »
Giribuola rappelle donc sa position forte au sein de l’environnement Ducati qui l’amène aussi à s’occuper au mieux de son pilote : « avec Dario Massarin nos expériences respectives au sein du team officiel l’aideront beaucoup. Quand vous évoluez pour le compte d’un team officiel, vous devez jongler entre de nouvelles pièces. C’est parfois difficile de décider quand effectuer tel ou tel test, sans perdre la bonne direction. Mais c’est mon boulot et pas le sien. C’est à moi de trouver comment avancer, tout en évitant de mettre trop le bazar ».
Alberto Giribuola : « notre but n’est pas de déranger qui que ce soit, juste de gagner le Championnat«
A l’écouter, on ne peut s’empêcher de penser au début de saison de Pecco Bagnaia qui s’était notamment plaint dès le Qatar d’essayer trop de pièces sur sa GP22… Une pression alors ressentie par l’actuel pilote officiel qui sera évitée à Bastianini si l’occasion se présente de rejoindre l’usine : « la pression, je la rattache au pilote et Enea n’en ressent pas. S’il est promu au sein du team officiel, je pense qu’il n’aura aucun souci à la gérer. Le plus important est de savoir que les gens autour de vous travaillent dans un but commun. Nous avons tous le sourire, l’ambiance est décontractée, ce qui lui permet de profiter des courses, non pas comme un travail, mais comme un moment passé entre amis. Et c’est là, toute la différence à mes yeux ».
Cela étant dit, le chef mécanicien n’est pas non plus servile… « Ils me connaissent déjà, ils savent que je suis compliqué, ils y sont préparés. Je sais exposer mes raisons et trouver un bon compromis de telle sorte à faire évoluer les choses. Tout est une question d’équilibre. Quoi qu’il en soit, il y a toujours eu beaucoup de respect entre Luigi, Davide et Paolo, ce qui jouerait en notre faveur ».
Giribuola défend ainsi très bien sa cause et celle de son pilote Enea Bastianini, mais on sent dans ses propos que s’il reprend sa place dans un coin du box rouge, ce ne sera pas pour faire de la figuration. Il a déjà connu cette situation lorsque Jorge Lorenzo devait effacer son pilote d’alors Andrea Dovizioso. Et on sait comment cela s’est passé. De fait, Pecco Bagnaia, qui demande qu’il y ait la paix dans son box, doit-il d’ores et déjà s’inquiéter ? Le chef mécanicien répond franchement : « notre but n’est pas de déranger qui que ce soit, juste de gagner le Championnat. Tout dépend de la façon, dont les autres considèrent Enea. Quand Jorge a débarqué dans notre box, Andrea était là : ‘Oh mon dieu, mon coéquipier est quintuple Champion du Monde.’ Mais on est restés concentrés sur notre travail et j’ai dit à Andrea : ‘Du calme ! On a tout ce qu’il faut pour être aussi rapides que lui’ ».
« Finalement, il s’est avéré qu’on était plus rapide que lui. La pression, c’est quelque chose de purement mental. Personnellement, si on est choisis, nous nous donnerons à fond et si c’est un problème pour Pecco, ben ça sera à lui de gérer. Je pense qu’il a une bonne équipe autour de lui. Il a déjà obtenu de très bons résultats, donc je ne pense pas qu’il sera sous pression » termine-t-il. Au moins, si c’est Enea Bastianini qui s’habille en rouge, chacun sait déjà à quoi il faudra s’en tenir.