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23h60 CVC Racing Team

Le CVC Racing Team, c’est l’histoire d’un groupe d’amis ingénieurs et mécaniciens, avec un rêve commun : remporter les 23h60. Immersion au cœur du week-end de ces passionnés, qui ont attiré les regards lors de cette 14e édition.

Le week-end du 12-13 avril, vous étiez probablement en train de suivre le MotoGP ou le Superbike, mais les championnats du monde n’étaient pas les seuls à concourir. Sur le Circuit International de Karting du Mans, situé dans le célèbre Chemin aux Bœufs, se tenaient les 23h60. Une manche du Championnat 25 Power, disputée sur 24 heures par deux catégories de motos : les 15 et les 25 cv.

Avec 13 éditions déjà à son actif, cette épreuve est un rendez-vous incontournable des passionnés qui souhaitent s’essayer au monde de l’endurance. Ses atouts : un budget raisonnable, de véritables conditions de course et la possibilité de rouler aux côtés de professionnels. L’ensemble donne un très beau week-end, avec des niveaux variés en piste, des enjeux totalement différents d’une équipe à l’autre, et une belle ambiance à laquelle les amateurs de sports mécaniques aiment assister.

Un pari fou, né d’une passion brute

Le CVC Racing Team faisait partie des 42 équipes engagées pour cette 14e édition, et nous l’avons suivi tout au long de son week-end riche en émotions. À son origine, un groupe d’amis composé de mécaniciens et d’ingénieurs, qui se retrouve régulièrement sur les circuits pour rouler en amateur. Après deux participations aux 23h60, l’envie de créer un prototype sans compromis a commencé à germer dans l’esprit de certains.

Le projet a été lancé en juillet 2024, avec une idée simple : construire la moto de course ultime pour remporter les 23h60. Un moteur deux-temps à variation dans un cadre léger et rigide. La base a rapidement été identifiée, un châssis de MIR moto5 équipé d’un moteur fait maison ! Un deux-temps à variation dans un cadre léger et rigide. Les bases sont posées avec les premiers choix techniques, la création d’une association, et la recherche de partenaires.

23h60 CVC Racing Team

Des étapes clés, et une intensité folle

Le 1er octobre 2024, les organisateurs annoncent que l’épreuve des 23h60 sera avancée de trois mois, un coup dur pour l’équipe, mais le projet est lancé et l’objectif est clair : aligner cette moto sur la grille de départ.

Très vite, le projet prend une tournure presque industrielle : conception des carters et de la transmission, fabrication de l’échappement, fabrication du faisceau, gestion électronique, banc d’essai, mise au point moteur, modélisation de la cinématique châssis, etc. Les imprimantes 3D tournent à plein régime, ces passionnés enchaînent les idées et mettent au point, élément par élément, un prototype de plus en plus abouti.

Des mois intenses de préparation et de nombreuses nuits blanches permettent de venir à bout de chacun des problèmes rencontrés. Les premiers carters taillés masse sont réceptionnés fin février. 48h après l’ouverture du colis le moteur pousse ses premiers cris. En mars, les essais au banc permettent de régler la variation et la carburation, ainsi que de fiabiliser un maximum d’éléments.

C’est seulement 12 jours avant la course que le prototype réalise ses premiers tours de piste, la mécanique est encore fragile mais l’équipe réagit et trouve des solutions à chaque problème. La moto commence à démontrer un vrai potentiel.

Le week-end de course : une aventure humaine

Le jeudi 10 avril, toute l’équipe du CVC Racing Team arrive au Mans. Organisation de l’hospitalité, agencement du box, contrôles administratifs, il est temps de démarrer ces 23h60. Après une ultime nuit de mécanique pour régler les derniers détails, le vendredi au petit matin la moto ornée du numéro 10 passe le contrôle technique sans encombre, et son entrée en piste au début des essais l’après-midi sonne comme une première victoire. Neuf mois plus tôt, cette idée germait dans l’esprit de certains, et la voilà qui se matérialise sous nos yeux. Les bonnets et les sweats floqués à l’effigie du team sont distribués, la fierté se lit dans les yeux.

23h60 CVC Racing Team

Pour autant, l’heure n’est pas encore à l’euphorie. La moto reste un jeune prototype avec des soucis de fiabilité, et l’objectif reste de parvenir à prendre le départ et de tenir un relais. Les casses de pots d’échappement s’enchaînent durant les essais, ainsi que d’autres soucis, et les pilotes roulent peu. Toutefois, la moto attire les regards. De nombreux curieux viennent observer ce prototype et encourager le CVC.

Lorsque les qualifications arrivent, la tension monte. Ça passe, ou ça casse… littéralement ! L’équipe décide d’appliquer une stratégie radicale : chaque pilote devra se qualifier en un tour lancé et rentrer au box afin de préserver la mécanique. Ainsi, le pilote le plus rapide peut passer en dernier, et profiter de l’intégralité de sa séance pour établir le meilleur chrono possible. Il y a deux ans, il avait permis à l’équipe de se qualifier neuvième. Alors au vu du potentiel de la moto, si ça tient, les premières places sont envisageables.

Le premier pilote s’élance en piste. Le pot d’échappement tient, chrono effectué, retour au box. Tout se déroule comme prévu, les séances s’enchaînent et cinq des six pilotes sont qualifiés. Le pilote le plus rapide s’élance à son tour… et s’arrête au bout de la voie des stands. La chaîne a sauté. Il pousse sa moto jusqu’au box, et reprend son souffle. Les mécaniciens prennent le relais, analysent la situation et remontent la moto rapidement car le chrono tourne, et les 12 minutes de cette ultime séance de qualification sont déjà bien entamées.

Malheureusement, la situation se reproduit à deux reprises. Les mécanos finissent par détecter la rupture d’un support moteur, mais la séance est terminée. C’est un coup dur pour l’équipe mais l’essentiel est là, la moto prendra le départ. Le sixième pilote sera finalement repéché lors du warm-up le lendemain matin.

Mais pas le temps de se réjouir, un gros travail attend l’équipe avant le départ de la course. Durant la nuit, les mécaniciens imaginent un nouvel échappement « rotulé ». La tôle est découpée, martelée, puis soudée. C’est un pari osé mais toutes les autres idées ont déjà échoué.

23h60

Crédit photo : le Mob’Club Montgesnois

Samedi 12 avril, 14h30, heure du départ. Lorsque les feux s’éteignent et que le moteur du prototype vrombit au milieu de la quarantaine de concurrents, l’émotion est à son comble dans le box, et quelques larmes sont versées. Peu importe le temps qu’il tiendra en piste, il a pris le départ alors qu’il n’avait pas effectué 10 tours sans soucis techniques jusqu’à présent. Une véritable victoire pour le CVC Racing Team et une belle récompense pour ces derniers mois de travail acharné… et contre toute attente, il tiendra le premier relais sans encombre, puis les cinq relais suivants. La sonorité singulière de cette moto résonne tour après tour dans la ligne droite des stands.

À 17h30 la pluie fait son apparition, la piste devient extrêmement piégeuse et un ballet de chutes commence. Jusqu’à 22h, elles s’enchaînent partout sur le circuit, presqu’aucune équipe n’est épargnée. Du côté du CVC, trois chutes sont à recenser sous la pluie, mais elles sont contrebalancées par les performances de la machine et des pilotes dans ces conditions extrêmement délicates. L’équipe parvient à remonter de la 36e position à la 15e en un seul relais !

Tandis qu’en piste les relais se poursuivent, en coulisses l’organisation bat son plein pour que tout s’enchaîne sans accroc. Les panneauteurs se relaient à leur poste et ouvrent l’œil face au moindre geste des pilotes, l’ostéopathe enchaîne les soins, et les petites mains amènent au box des barquettes préparées aux petits oignons par les deux cuisiniers attitrés.

23h60 CVC Racing Team

Tout se passe pour le mieux jusqu’à 23h59, où les ennuis commencent avec la casse du bras oscillant. Il est déposé, ressoudé, remonté et la moto reprend la piste. Une heure plus tard, ce sont les supports moteur avant et arrière qui, fragilisés par la casse précédente, rendent l’âme à leur tour. Encore une fois, les mécaniciens répondent présents, remplacent les supports en quelques minutes et la moto peut reprendre la piste. À 4h du matin c’est la casse du réducteur qui oblige la moto à rentrer une dernière fois au box. L’abandon est inévitable.

La fierté et la joie l’emportent sur la tristesse. Ce prototype qui ne devait tenir qu’un relais a fait 13h30 de course. Une sacrée performance d’équipe !

En piste, le team 3H Racing MIG continue de mener et conservera sa première place jusqu’à l’arrivée à 14h30 le dimanche. De son côté, le CVC Racing Team a déjà le regard tourné vers les 23h60 de l’année prochaine.

23h60 CVC Racing Team

Les résultats de la 14e édition des 23h60 sont à retrouver ici.